Appel à projets 2022
Entre la recherche en sciences des sexualités et les enjeux biblioéconomiques
Avec l’essor manifeste du champ interdisciplinaire des sciences des sexualités, les directions des bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles, de l’Université de Montréal et de l’Université de Genève ont vu une belle opportunité de réactiver la collaboration entre les trois directions des bibliothèques du G3, et de réfléchir à la place que ces collections peuvent prendre, ainsi qu’à l’importance d’offrir un soutien documentaire pour répondre à des besoins sociétaux émergents ou pour encourager la recherche sur les sexualités. Les trois directions de bibliothèques reconnaissent qu’il s’agit là d’un enjeu d’avenir, tant pour celles qui possèdent déjà des collections en la matière et du personnel dédié à ses questions, que pour celles qui s’interrogent sur leur rôle . En outre, elles constatent une demande croissante de la part des usagers et des usagères des bibliothèques universitaires qui souhaitent avoir accès à des ressources documentaires pour des projets de recherche, des publications, des thèses de doctorat et des mémoires de maîtrise sur des thématiques liées aux sexualités, tous domaines confondus.
À l’origine, ce projet découle de la collaboration entre le Centre Maurice Chalumeau en Sciences des Sexualités (CMCSS) et la Bibliothèque de l’Université de Genève, qui a récemment reçu un don d’un collectionneur privé de près de 50 000 documents liés au domaine des sexualités (collection Michel Froidevaux). La réception de cet ensemble documentaire soulève de nombreux questionnements qui ne semblent jusqu’alors pas avoir été abordés de façon spécifique au sein des institutions de l’espace francophone. Quelle place pour les sciences des sexualités en bibliothèque universitaire ? Comment promouvoir la particularité de ces collections ? Comment et pourquoi uniformiser des pratiques pour ces collections aux enjeux majeurs et spécifiques ? Comment des échanges peuvent contribuer au développement de ce champ émergent dans l’espace francophone alors que le monde anglophone dispose déjà d’acteurs connus en la matière, tels que le Kinsey Institute à l’Indiana University ? Comment mettre en dialogue les recherches développées au sein de nos universités avec les pratiques de nos bibliothèques universitaires ?
L’objectif de ce projet G3 consiste en l’association de l’Université Libre de Bruxelles, de l’Université de Genève et de l’Université de Montréal (de leurs bibliothèques et de différentes entités thématiques comme le CMCSS à Genève) par la formation d’un groupe d’échanges et de réflexions autour des collections et des services de soutien liés aux sexualités en bibliothèque universitaire. Ces trois partenaires se situent à différents stades de développement sur ces questions, ce qui bien loin d’être un frein au projet, constitue au contraire sa richesse. Les différentes réalités et pratiques des bibliothèques ainsi que le lien tissé avec les recherches en cours au sein de chaque université font émerger d’autres questionnements qui étayeront nos réflexions et fourniront des exemples concrets : quelle place accorder à des fonds privés (par la réception d’un don comme la collection Michel Froidevaux à Genève) au sein de bibliothèques universitaires ? Par quels moyens répondre au développement des sciences des sexualités lorsque les bibliothèques ne disposent pas de collections documentaires dédiées, comme c’est le cas à l’Université Libre de Bruxelles, même si l’Observatoire du Sida et des Sexualités récemment rattaché à l’ULB possède un centre de documentation ? Quelles relations sont entretenues avec les recherches menées au sein de chaque entité lorsque les ressources documentaires sont déjà présentes dans les collections, mais dispersées au sein de ses multiples bibliothèques, comme c’est le cas à l’Université de Montréal ? Qu’en est-il de l’adéquation des vocabulaires utilisés pour décrire ces documents, et donc des clés d’accès pour les repérer dans les outils et moteurs de recherche, étant donné l’évolution rapide de la terminologie pour ces questions ?
Ce projet entend contribuer à l’émergence et au développement des sciences des sexualités, en se penchant plus particulièrement sur les enjeux bibliothéconomiques des collections, de leur mise en valeur dans un contexte disciplinaire vaste et du soutien à apporter aux domaines du savoir en émergence. Les trois universités francophones partenaires réuniront ainsi les membres de leurs équipes tels que les bibliothécaires et ceux des communautés de recherche et étudiantes autour d’un objet d’étude commun : les sexualités.
En savoir plus sur les résultats du projet.
Participant-es
Camille Yassine
Bibliothécaire spécialiste en sciences des sexualités
Université de Genève
Joëlle Muster
Responsable du site Uni Mail de la bibliothèque
Université de Genève – DIS
Ferdinando Miranda
Directeur excécutif du Centre Maurice Chalumeau en Sciences des Sexualités
Université de Genève
Maryna Beaulieu
Directrice de la bibliothèque des lettres et sciences humaines
Université de Montréal
Renaud Bardez
Directeur de la bibliothèque des sciences humaines
Université libre de Bruxelles