Alexandre Van Campenhout, étudiant en lettres françaises à l’Université libre de Bruxelles, est parti à la découverte de la francophonie en effectuant une maîtrise « G3 ». Après un semestre en Belgique, il a effectué un premier échange à l’Université de Montréal avant de terminer son aventure culturelle et académique à l’Université de Genève. De retour à Bruxelles pour l’écriture de son mémoire, il raconte à quel point cette expérience lui a ouvert les yeux sur la vaste diversité de la francophonie.
C’est dans le cadre d’un cours de littérature belge en troisième année de Bachelier qu’Alexandre prend mieux conscience de la variété de la littérature francophone. Au même moment, il découvre l’existence du G3. C’est alors que commence son aventure, dont il raconte la genèse à Lise Denis, alors stagiaire en communication internationale pour le G3, en mars 2020.
La vaste diversité francophone
Les échanges académiques ont souvent l’effet d’une bombe sur les étudiantes et les étudiants. Alexandre est formel, celles et ceux qui partent « ne reviennent pas pareil ». L’étudiant en lettres a également fait cette expérience, avec l’avantage non négligeable de la vivre deux fois. Et plus il découvre des recoins variés de la francophonie, plus il se rend compte qu’il en connaît peu.
Alexandre contre ainsi ce cliché selon lequel les régions et pays francophones sont tous les mêmes. Selon lui, cette impression largement partagée serait également exacerbée par les réseaux sociaux. Dans un monde où tout se partage et s’échange instantanément, « on a une espèce de gros bagage commun », affirme l’étudiant. Mais c’est quand il arrive à Montréal qu’il réalise à quel point chaque région francophone est gorgée de spécificités qui lui sont propres. C’est aussi à ce moment-là qu’il prend conscience de sa propre culture, et de l’absence de celle-ci à l’étranger. « Je ne me suis jamais senti aussi Belge », affirme-t-il. Son échange à Genève est venu confirmer ses premières impressions.
Parti découvrir d’autres points de vue, il n’a donc pas été déçu. Cours enrichissants, méthodes rafraichissantes, mentalités populaires diverses, Alexandre a assouvi sa soif d’apprendre en se nourrissant de regards différents. C’est surtout son domaine de prédilection, la littérature, qu’il a redécouvert.
Littérature et culture : « l’un ne va pas sans l’autre »
Il existe une vision globale et partagée de la littérature, selon Alexandre, qui est le besoin d’exprimer son identité et sa culture. En effet, c’est un moyen de transmettre son bagage socio-culturel et sa diversité. Balayant à nouveau l’idée préconçue selon laquelle la francophonie serait une boîte noire unifiée, l’étudiant belge pointe du doigt une large palette de spécificités culturelles qui s’expriment au sein de la littérature belge, québécoise et suisse.
Le problème avec ces diverses littératures, c’est qu’elles « ne s’exportent pas très bien », confie l’étudiant. Par manque d’intérêt peut-être, il est difficile de trouver des ouvrages suisses en Belgique, sans parler de la littérature québécoise. Pour Alexandre, il était donc impératif de s’immerger complètement dans ces deux pays afin de plonger dans les méandres de littératures francophones plus riches les unes que les autres. Littérature et culture, pour Alexandre, sont indissociables. « L’un ne va pas sans l’autre », confirme-t-il.
Un projet théâtral tripartite
En commençant cette aventure, le littéraire n’avait pas seulement l’ambition d’enrichir son horizon académique. Il voulait également redécouvrir ses passions à travers un prisme culturel différent. Il a donc monté un projet de théâtre et d’improvisation à Montréal, le même qu’il avait déjà expérimenté à Bruxelles, et qu’il a également mis sur pied à Genève. Le but : réunir une troupe et s’inspirer du fil rouge d’une pièce de théâtre classique pour réécrire un nouveau texte.
Ayant déjà vécu l’expérience, Alexandre pensait avoir trouvé la méthode idéale. Mais le Belge s’en est vite aperçu, « il n’y a pas moyen de faire la même chose deux fois ». Il faut toujours s’habituer à chaque nouvelle personne, à ses habitudes et sa culture. Pour Alexandre, « c’est encore plus frappant d’un pays à l’autre ». Le choc culturel, même au sein de la francophonie, se ressent fortement.
“Je dois justement, pour mieux les comprendre, apprendre ce qu’est leur bagage et leur partager un peu du mien.”
Alexandre
S’ensuit alors un partage culturel qu’Alexandre apprécie tout particulièrement. Echanges interpersonnels, brassage d’expériences, chaque membre s’acclimate tout en offrant aux autres un peu de son savoir. « Je dois justement, pour mieux les comprendre, apprendre ce qu’est leur bagage et leur partager un peu du mien », confie-t-il. Ces différentes troupes n’attentent qu’une chose : pouvoir enfin jouer leur création devant un public.
Et après ?
En pleine session d’écriture de son mémoire, le féru de littérature est empli de motivation et d’envies pour la suite de son parcours. Et dans ses plans, la francophonie n’est jamais très loin. D’un point de vue personnel, Alexandre souhaite notamment poursuivre, même à distance, ses différents projets théâtraux. Il cultive même l’idée un peu folle de réunir les troupes de Genève, de Belgique et de Montréal pour réaliser un projet commun.
Côté professionnel, l’un de ses objectifs serait de pouvoir partager les connaissances culturelles francophones qu’il a acquises. Et, bien entendu, l’idée de pouvoir continuer à sillonner les vastes chemins de la francophonie pour en découvrir toujours plus lui paraît particulièrement séduisante.
Entre la découverte d’une diversité littéraire florissante, de spécificités culturelles multiples, des autres et de lui-même, Alexandre s’est totalement immergé dans le monde de la francophonie. Et, fort de cette maîtrise « G3 », il n’est visiblement pas prêt de le quitter.
Lise Denis et Léa Jacquat